Le modelage à l’argile en art-thérapie

En art-thérapie, on ne propose pas d’exercice mais des jeux.

La terre s’utilise de préférence en bloc brut que l’on peut modeler avec ses mains, ses poings, ses coudes. Pas besoin d’outil.

L’argile permet d’expérimenter ses émotions

La terre est un média malléable. Elle nous met directement en contact avec notre peau et notre sensorialité.

La terre révèle, contient et apaise les émotions qui surviennent pendant le modelage.

Pour avoir des émotions, il faut des sensations. La terre c’est de la sensation pure. Le modelage fait émerger des émotions que la terre absorbe et transforme.

L’argile, c’est de la sensorialité pure.

Modeler favorise la pensée divergente

Modeler permet de générer de nouvelles idées. Modeler, c’est de la pensée en action.

Francisco Varela, neurobiologiste chilien, parle d’énaction pour dire que le monde extérieur et l’organisme se co-déterminent mutuellement l’un l’autre.

L’argile nous offre la possibilité de faire et contempler le processus de création de sens en trois dimensions. En modelant l’argile, je fais émerger sous mes yeux de nouveaux possibles et je crée du sens.

Fonction contenante de la terre

La terre me donne à voir, percevoir, ressentir les limites de ma peau.

Cf Le moi-peau de Didier Anzieu

Fonction scopique de la terre en art-thérapie

A travers la mise à distance en trois dimensions d’une part de soi jusqu’alors inexprimable : je me donne à voir à l’autre. Ce mis au dehors n’a pas besoin d’être interprété a posteriori : le sens est déjà là, à l’intersection du dedans et du dehors dans l’espace symbolique du processus de création. Il n’y a pas non plus de signification a-priori en art-thérapie ( L’art-thérapie, Jean-Pierre Klein, Que sais-je, édition 1997, p.117 ).

La réponse émerge du processus grâce à la définition d’un cadre qui contient et permet la liberté de la personne qui se re-crée.

A travers l’acte de création, en se confrontant à la forme créée et au regard de l’autre, la personne développe ses capacités d’auto-réflexivité (la capacité à se penser soi-même).

Au cours de ce processus, l’art-thérapeute est celui qui accompagne, guide, sans diriger, éclaire, sans révéler, le chemin de la personne en recherche d’un sens énigmatique. Une sorte de « compagnon de voyage » selon l’expression de M. C. Joulia, peintre et sculptrice, (M.-C. Joulia, L’artiste compagnon de voyage, film (real. J. Viller), CHS de Bourge, 1995).

« Hors d’éventuelles fulgurances, l’art-thérapie est un itinéraire métaphorique, la métaphore n’étant pas conçue comme une énigme à mettre à plat dans une rationalité mais comme une étape de l’itinéraire » ( L’art-thérapie, Jean-Pierre Klein, Que sais-je, édition 1997, p.126 ).

Avec l’argile, malléable à l’infini, cette recherche de sens se renouvelle sans cesse. C’est le caractère perpétuel, spontané et imprévisible de l’existence qui se joue au travers de la main.

L’argile est un des plus anciens matériaux utilisés par les humains.